Les élu-es métropolitain-es ont décidé, lors de la prise de la compétence culturelle, effective au 1er janvier 2017, trois objectifs en la matière : « affirmer l’identité culturelle de la métropole ; renforcer son rayonnement et son attractivité ; favoriser le développement social du territoire ».
Parmi les six « axes d’intervention » définis pour atteindre ces objectifs, il en est un en particulier qui demande à être plus fortement soutenu : la coopération culturelle intercommunale.
En
effet, au sein des communes, des efforts considérables sont déployés pour
développer des liens et des pratiques culturelles avec les habitant-es et leur
permettre de découvrir de multiples savoirs et de multiples formes artistiques.
Malgré la baisse des moyens financiers des municipalités au cours de ces
dernières années, qui a conduit à des arbitrages douloureux, ces missions
essentielles sont menées avec une très grande énergie, tant dans le cadre
d’institutions relevant directement des communes que par les associations
qu’elles soutiennent. Sont ainsi mis en œuvre des compétences, des ressources,
des dispositifs d’une grande créativité et d’une grande richesse.
Manquent par contre des outils communs, à même de permettre
le partage de cette richesse, et de soutenir et développer ce foisonnement
d’initiatives, en favorisant les
collaborations et en accroissant l’intelligence collective et la compétence de tous les acteurs.
La Métropole est d’évidence le juste niveau pour apporter le soutien
logistique nécessaire à cette coopération.
En effet, des programmes de coopération culturelle sont déjà en cours dans le cadre de la Politique de la ville et la numothèque, « pôle de ressources numériques » coopératif a été créée.
Mais la concrétisation d’une coopération culturelle est nécessaire, de façon beaucoup plus globale, sur l’ensemble du territoire, au-delà des quartiers labellisés « Politique de la ville » ; cela correspond d’ailleurs pleinement à l’axe d’intervention « coopération culturelle », ainsi défini sur le site de la Métropole : « La coopération culturelle, pour un meilleur déploiement de l’offre culturelle sur le territoire et auprès de tous les publics ». Sachant qu’il s’agit bien sûr de l’accès aux savoirs et aux diverses formes artistiques, mais aussi du développement de la créativité des personnes, le terme « offre » devant être compris dans ces deux sens.
Par ailleurs, la délibération cadre du 3 novembre 2016 du « projet culturel métropolitain » fait référence aux « mutualisations et mises en réseaux, à la coordination des acteurs », ou encore à « la mise en commun de moyens d’ingénierie ».
Les outils prioritaires le plus fortement attendus, pour permettre cette coopération, sont :
·
La création et la gestion d’un site dédié, comportant un annuaire des structures, un annuaire des
intervenants potentiels par domaines, des ressources de formation, des fonds
ressource spécialisés (vidéo, etc.), un calendrier des actions, projets,
spectacles, un ensemble de compte-rendus d’expériences, un forum. Ce site
serait alimenté par les diverses structures, mais il faut, au-delà de la
création du site, un temps régulier de travail pour sa gestion et sa mise à
jour régulière.
·
La gestion d’un planning de réunions, qui pourrait se faire dans le cadre de ce site internet.
Outre l’échange et l’information par le biais d’un site, le besoin d’échanges
directs est ressenti. Ces réunions ne pourraient être fréquentes, eu égard à la
charge de travail de tous, mais démultiplieraient l’action de chacun, seraient
source de nouvelles coopérations, de nouvelles initiatives.
·
Une aide à la recherche de financements pour des projets intercommunaux. Les communes, les acteurs
culturels n’ont pas les moyens humains ni les compétences transverses
intercommunales pour monter et suivre de tels dossiers.
·
Un dispositif favorisant le « retour » d’artistes formés au niveau des communes pour mener à leur tour des
actions auprès des habitants.
·
Une aide au financement de résidences d’artistes axées sur le travail avec les habitants, sur une durée
suffisamment longue (un an) pour qu’elles s’inscrivent véritablement dans le
territoire.
·
La coordination
de l’action Vive les vacances , pour en faire un dispositif plus collaboratif.
Ces
outils coopératifs laisseraient aux acteurs culturels au sein des communes la
pleine initiative des projets, tout en leur conférant un impact beaucoup plus
large et en leur ouvrant de nouvelles possibilités.
Leur mise en place répondrait pleinement à un objectif premier de la création des Métropoles : favoriser le déploiement des potentialités de chaque commune, et démultiplier leur action par la collaboration.
Ils ne seraient nullement en contradiction avec le travail de contractualisation déjà en cours avec douze institutions culturelles de la Métropole : les actions des plus grandes institutions et celles des acteurs culturels à l'échelle des communes se complètent et s'imbriquent sans concurrence. L'échelle est différente et donc la méthode aussi ; l'efficacité et la richesse des interactions entre les communes procèdent de la souplesse et de l'horizontalité d'un modèle coopératif, auquel l'instance Métropole peut et doit apporter un soutien logistique.
La culture est fondamentale en démocratie pour l’exercice de la citoyenneté et le déploiement des
talents de chaque individu. En conséquence, la Métropole doit mettre au premier plan de son action, en particulier par le soutien au travail culturel mené par les communes au
plus près des habitants, tout ce qui favorise les pratiques démocratiques et
les capacités créatives de sa population.
Culture 38 oct 2020